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L'activité économique de la région parisienne qui s'est effondrée durant l'exode tourne ensuite au ralenti quelques mois. Un redressement qui s'opère au sortir de l'hiver 1940 s'inscrit dans la double dépendance des comités d'organisation, mis en place par Vichy, et de l'occupant. Aux contraintes et charges financières découlant des conditions de l'armistice et de la poursuite de la guerre par l'Allemagne nazie s'adjoignent la pénurie de matières premières, les réquisitions, le pillage légal et les ponctions sur la main-d'œuvre. Celle-ci est incitée à partir travailler en Allemagne avant que d'y être contrainte par la relève puis par le Service du travail obligatoire (STO).
Le tissu industriel et commercial de la capitale se recompose dès lors en fonction des intérêts de l'occupant.
Les secteurs de l'économie qui ne travaillent pas pour lui connaissent une crise majeure. La construction, les « articles de Paris » ou le commerce de détail et les entreprises jugées « non conformes aux besoins économiques de l'occupant », parfois frappés de fermetures arbitraires et systématiquement privés de matières premières et de clients solvables, subissent la stagnation, la régression et parfois la faillite. L'effondrement du trafic du port de Paris et du volume des comestibles et combustibles déclarés à l'octroi révèlent la contraction de l'activité et la grande misère des Parisiens.
Les secteurs que le Reich tient pour stratégiques pour la poursuite de la guerre tournent en revanche à plein rendement, attesté par des semaines de travail dépassant parfois les 60 heures. Ces secteurs s'ouvrent au capital allemand, obtiennent prioritairement les matières premières qui font ailleurs défaut, échappent à la réquisition de la main-d'œuvre et réalisent de substantiels profits. Ce qui vaut pour les industries de guerre vaut, à moindre échelle, pour certaines industries de luxe et l'hôtellerie haut de gamme. L'industrie cinématographique, abritée de la concurrence américaine, tire également son épingle du jeu.
Durant les deux dernières années de guerre et d'occupation, 171 000 Parisiens partent pour le travail en Allemagne, 71 00 demeurés à Paris travaillent directement pour l'occupant et 350 000 indirectement.

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