Paris 1940-1944,
l’ordinaire à l’épreuve
Mai 1940. Paris, épargné par les combats se vide des deux tiers de sa population. La plupart de ceux qui avaient fui la capitale la réintègrent toutefois après juin et, malgré quelques bombardements, Paris demeure préservé de la destruction jusqu’au terme de la guerre.
Mais Paris, capitale pluriséculaire de la France, perd durant quatre années ce statut. Devenue la capitale allemande de la France, où l’occupant règne en maître tandis que les collaborateurs paradent et s’affichent dans l’espace public, elle se voit de facto réduite au statut de quasi préfecture de province où les administrations sont, un temps, pratiquement coupées de leurs autorités de tutelle, établies à Vichy. L’État français n’en maintient pas moins sa présence à Paris.
Le paysage urbain s’en trouve spectaculairement bouleversé et l’ordinaire de la vie de chacun, affecté, à l’épreuve des réquisitions et des pillages, des persécutions et de la répression, du froid et de la faim, de la guerre qui se poursuit mais, également, de la lutte ou plutôt des luttes qui se développent à l’encontre. Ces bouleversements ne s’affichent cependant pas tous avec la même évidence dans l’espace public et dans le quotidien de la ville. Restituer la présence et la visibilité de ce qui ne pouvait alors faire image suppose d’abord de défier des images par trop souvent conçues à chaud pour signifier que la vie continuait, et que Paris était toujours Paris, en apprenant à les lire. La retraversée d’images connues et la présence « d’images rebelles » et de certains documents exposés pour la première fois devraient aider à comprendre comment, par ces temps d’exception, le quotidien se brouille et comment d’apparentes continuités peuvent masquer des pratiques radicalement nouvelles, propres à pervertir ou transcender l’ordinaire.