Paris a faim,
Paris a froid
Dès septembre 1940, le rationnement est établi pour le pain, les pâtes, le sucre puis élargi à l'automne 1941 à toutes les denrées alimentaires ainsi que les matériaux de chauffage, les vêtements, les chaussures, le tabac, etc. Durant les hivers longs et rigoureux, les Parisiens souffrent particulièrement de la faim et du froid, en partie en raison des réquisitions allemandes dont le caractère astronomique est régulièrement dénoncé par les feuilles clandestines, mais aussi en raison du blocus britannique. Les cartes de rationnement, qui répartissent la population en 11 catégories, sont insuffisantes pour nourrir les familles qui doivent se procurer « des colis familiaux » envoyés des campagnes ou sont contraintes de recourir au marché noir qui se développe de manière vertigineuse dans la capitale. Dans ce quotidien de pénurie où les rutabagas tiennent une place privilégiée, se forment d'interminables files d'attente devant des magasins peu achalandés tandis que se développe un ingénieux système-D, à base de récupération et de produits de substitution. Certains n'hésitent pas à élever des poules ou des lapins dans les caves ou sur les balcons. L'ordinaire pénible est dramatiquement aggravé pour les populations désignées comme juives par la 9e ordonnance allemande du 9 juillet 1942 qui ne les autorise à entrer dans les magasins qu'entre 15 et 16 heures.