« Depuis quelque temps, les familles des internés ont tenté de nombreuses démarches pour obtenir la libération de leurs proches. On a constaté que de nombreuses juives se présentaient quotidiennement dans les bureaux de la préfecture de police, à la mairie et à la préfecture de la Seine, pour exiger la libération de leurs époux, pour des raisons de santé, des affaires familiales, ou en raison de la situation leurs biens. […]
Le 25 juillet 1941, vers 14h30, quelque cent juives dont la plupart ne parlaient même pas le français, ont pénétré dans les locaux du Comité [le Comité juif de bienfaisance créé par l’occupant], réclamant la libération de leurs maris et le remboursement des sommes qu’elles avaient versées dans ce but. […]
Le 28 juillet à 15 heures, de nouvelles manifestations ont eu lieu devant le siège du Comité. Une centaine de femmes enceintes et des mères, accompagnées de tout petits enfants, se rassemblaient devant l’établissement et tentaient de pénétrer dans les locaux où se trouvaient déjà une quinzaine de juives. Elles criaient « Nous voulons qu’on nous rende nos maris. Nous ne pouvons plus vivre de cette façon. Nous mourons de faim… » Entre-temps, les juives à l’intérieur des locaux brisaient des carreaux et des objets divers. »
Transmission par le « Kommandant von Gross-Paris », au Commandement militaire allemand (MBF), de la traduction en allemand d’un rapport du 4 août 1941 émanant de la direction des Renseignements généraux et des Jeux. Traduction en français A.Rutkowski, La lutte des Juifs en France à l’époque de l’Occupation, 1975.