A l'Opéra

Réfugié à Cahors pendant la Débâcle, le directeur de l'Opéra, Jacques Rouché, prépare la réouverture du théâtre à Paris à l'heure allemande. Désormais, il lui faut composer avec les exigences de l'occupant et la législation antisémite du régime de Vichy.
À l'automne 1940, il est ainsi sommé d'exclure une trentaine d'artistes et de membres du personnel dont il parvient toutefois à assurer la rémunération jusqu'en décembre 1942. De son côté, l'occupant n'impose que quatre œuvres allemandes, mais Milhaud et d'autres compositeurs sont désormais « interdits ». En août 1942, à l'occasion d'une soirée de ballets incluant l'une des œuvres imposées, Joan de Zarissa de Werner Egk, Rouché fait représenter
Les Animaux modèles de Francis Poulenc, où les spectateurs reconnaissent un fragment de « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine et malgré vous nous resterons français… ».
Quant aux salariés, ils revendiquent des indemnités de vie chère, des secours pour les familles des prisonniers et des cartes de travailleurs de force pour les machinistes et certains artistes. Malgré la Charte du travail qui l'émancipe des syndicats d'avant-guerre et des ex-représentants du personnel, Rouché négocie. Un syndicat clandestin se reconstitue petit à petit au Palais Garnier et lors de l'insurrection parisienne, les personnels de l'Opéra prennent part aux combats pour la libération de Paris.